Avec un chiffre d’affaires mondial estimé à plus de 100 milliards de dollars, le sport électronique (e-sport) continue de faire ses preuves. Depuis sa légalisation en 2016, cette discipline sportive ne cesse de faire des émules. Les tournois se déroulent désormais dans des salles combles et les experts estiment le marché en France à plus de 20 millions d’euros. Face à cette aubaine, nombreuses sont les start-up qui s’organisent afin de gagner et d’accroître leur part sur ce marché extrêmement prometteur.

Un marché en pleine mutation

La montée en puissance de l’e-sport au niveau mondial n’a pas manqué d’attirer l’attention du comité olympique international. Des fédérations sportives d’un nombre impressionnant de pays ont annoncé que cette discipline avait sa place aux jeux olympiques. Elles ont reconnu que les champions de jeux vidéo s’entraînaient avec une intensité et une discipline équivalentes à celle des pratiquants d’autres disciplines sportives admises aux JO.

Les organisateurs des JO de Paris 2024 caressent d’ailleurs le secret espoir de voir l’e-sport être classé comme discipline olympique lors de cette olympiade. Les sponsors commencent désormais à s’intéresser à ce qui n’était au début qu’un phénomène de société. Le management e-sportif, les primes aux vainqueurs de tournois, la publicité, les droits de diffusion et la vente de billets ne sont que quelques-unes des voies par lesquelles cette nouvelle discipline génère des millions d’euros en France.

Pourtant, le marché est très loin de la saturation. Comparés à la centaine de milliards de chiffre d’affaires que génère l’e-sport au niveau mondial, la part de la France est tout à fait ridicule. Le marché est à ses premiers balbutiements et il y a de l’argent à se faire. De par leur créativité et leur caractère disruptif, les startups ont évidemment un rôle majeur à y jouer.

Un secteur qui attire de plus en plus l’attention

Dans le monde entier, l’e-sport attire de plus en plus de monde et la France est en bonne position pour en tirer pleinement parti. Autrefois, l’e-sport était uniquement sponsorisé par les acteurs de l’univers du jeu vidéo, à savoir les éditeurs et les fabricants de console. Depuis peu de temps, des acteurs exogènes à cet univers commencent à sponsoriser les tournois et les évènements de l’e-sport.

La loi sur le numérique a joué un rôle important dans l’intérêt que suscite aujourd’hui l’e-sport. Elle a permis à la discipline de devenir « respectable » aux yeux des sponsors. Auparavant, les sponsors craignaient de financer les activités d’e-sport, car ils avaient peur de contrevenir à la loi relative au monopole de l’Etat sur les jeux. Avec la clarification qu’apporte cette loi, les sponsors sont plus à l’aise et sont enclins à investir des sommes plus conséquentes dans cette activité qui draine de plus en plus de monde.

En 2016, l’eSport avait plus de 120 millions d’adeptes dans le monde. En se positionnant correctement, les startups françaises peuvent, avec le savoir-faire qui est le leur, s’attirer les faveurs dans cet écosystème en plein boom. L’eSport est encore jeune et il s’agit d’un secteur où les innovations sont les bienvenues.

Des spectateurs en masse

Les tournois d’eSport font des émules depuis l’avènement du streaming. Les compétitions sont désormais diffusées en direct sur le web au travers de plateformes comme Twitch. La retransmission à l’échelle planétaire de ces évènements a permis à la discipline de recruter un nombre impressionnant d’adeptes.

L’édition 2016, a ainsi réuni pas moins de 17.000 spectateurs dans la capitale politique allemande. Dans le même temps, 36 millions de personnes ont visionné la finale sur internet. Dans la même période, la finale de Call Of Duty réunissait 4500 fans dans la capitale française, ainsi que 3 millions sur le web. Pour comparaison, le match entre l’olympique de Marseille et le Paris Saint Germain n’avait réuni que 2,1 millions de spectateurs. De l’avis de Sasha Brodowski, cofondateur de l’agence Bang Bang Management, les audiences des évènements d’eSport doublent d’année en année.

Qui dit nombre important de spectateurs dit également annonceurs et sponsors, car les évènements réunissant des foules sont une occasion rêvée pour se faire connaître auprès du public. Plus d’annonceurs signifie également plus d’argent à engranger pour les entreprises du secteur et particulièrement les startups.

Une professionnalisation en perspective

A l’envolée des audiences, il faut ajouter la professionnalisation de plus en plus poussée du marché de l’eSport. Des professions émergent : agents, commentateurs, organisateurs, coaches, sans oublier les joueurs professionnels. Leur nombre n’a pas encore atteint les sommets, mais de plus en plus de personnes se spécialisent dans le secteur, ce qui augure des lendemains meilleurs. Ces nouveaux professionnels, et en occurrence, les joueurs disposent de sources multiples de revenus tels que les prix, le sponsoring, les publicités. De l’avis d’Antoine Gourlay, responsable marketing eSport de Webedia, les joueurs professionnels d’eSport peuvent espérer gagner entre 1000 et 10.000 € en fonction de leur popularité.

Des annonceurs en fête

Les gros annonceurs s’intéresse de plus en plus à l’eSport, car il recèle d’une cible très difficile à atteindre : les millénials. Cette catégorie leur pose d’énormes problèmes : ils ne regardent pas la télévision et sont très enclins à utiliser des bloqueurs de publicité lorsqu’ils sont en ligne. En sponsorisant les compétitions telles que les tournois, la tâche devient moins ardue pour les annonceurs qui acceptent par conséquent d’investir des sommes plus consistantes. Il est désormais courant de voir des mastodontes comme SFR, Orange, KFC ou Coca Cola associer leur image à des compétitions d’eSport, et cela pour le plus grand bonheur des startups du secteur. Ces sponsors assurent 40 à 50% des recettes, tandis que la billetterie et les droits issus de la retransmission des matches assurent l’autre moitié. Amazon a dernièrement mis les pieds dans le plat et rachetant Twitch, la plateforme de streaming spécialisée dans l’eSport.

Des start-up qui en profitent pleinement

L’eSport en est peut-être à ces débuts en France, mais on ne compte pas le nombre de start-up qui profitent pleinement de cette discipline à travers une kyrielle d’activités spécialisées.

Meltdown est l’une de ces bienheureuses startups qui a su tirer son épingle du jeu sur le terrain de l’e-sport. Dans ce bar d’un genre nouveau, les gamers s’adonner gratuitement à leur passion favorite en sirotant l’un des délicieux cocktails à la téquila concocté par la maison. En l’espace de 4 années, le concept est devenu culte et s’est même exporté à l’étranger. La franchise compte désormais 25 bars repartis au Canada, en Hongrie, en Belgique, en Espagne, en Allemagne, en Angleterre et en France. La fondatrice des bars Meltdown peut désormais s’enorgueillir d’un chiffre d’affaire de 1,5 millions d’euros.

Une autre success story est celle de l’écurie Millenium. Sacré meilleure écurie de l’hexagone dès 2014, Millenium a été rachetée la même année par Webedia pour plusieurs millions d’euros. Constituée d’une quarantaine d’eSportifs de haut niveau, cette curie comptait en son sein l’un des meilleurs joueurs au monde Call Of Duty, à savoir Tom Trewen. Elle tire l’essentiel de ses revenus d’organisations de tournois mettant ses sponsors à l’avant de la scène. A leur nombre, on compte de grandes enseignes comme le fabricant de matériel informatique Alienware et Orange.

Hurrah est sans aucun doute l’une des valeurs les plus sûres de l’écosystème. Elle a été fondé à partir d’un constat : les grandes marques ont un mal de chien à communiquer efficacement avec les fans d’eSport, car ayant parfois des messages inadapté à ce public. Agence publicitaire spécialisée dans l’eSport, Hurrah crée des campagnes sur mesure pour les marques qui souhaitent s’adresser à ces geeks, dont l’âge moyen varie de 20 à 35 ans. Elle leur propose également de les aider à évoluer dans les dédales de ce labyrinthe que constituent les évènements d’eSport.

Le marché de l’eSport a tous les atouts dont rêvent les startups : un terrain fraîchement défriché et relativement inexploré, des acteurs prêts à mettre la main à la poche, une base clientèle bien établie, un cadre légale transparent et des success stories dont on peut s’inspirer. Ce marché qui pèse à lui seul plus d’une centaine de milliards de dollars à l’échelle mondiale constitue une vraie aubaine pour les startups françaises, dont la créativité, l’esprit d’initiative et l’adaptabilité sont mondialement reconnus. Les cas Meltdown, Millenium et Hurrah démontrent que ce marché n’est pas seulement prometteur : il est possible pour les startups françaises de prendre le dessus sur leurs concurrents étrangers pour s’imposer comme des références du secteur.