Le 29 mars 2019, le Royaume-Uni pourra sortir de l’Union Européenne, à l’issue de 2 ans de négociations conformément à l’article 50 du traité de Lisbonne. Ce processus fait suite à la notification officielle le 29 mars 2017 du choix exprimé par les Britanniques au référendum du 23 juin 2016. Alors que certains se réjouissent de cette perspective, nombreuses sont ceux qui craignent que cette sortie, connue sous le terme de Brexit, ne mène le pays vers des eaux troubles. Qui a vraiment raison ? Quels sont les enjeux économiques, humains et politiques de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ? C’est ce sur quoi nous allons nous pencher dans les lignes qui suivent.

Les enjeux économiques du Brexit

L’économie et le nombre d’emplois perdus ou gagnés par le retrait de l’UE sont susceptibles d’être des questions dominantes. Les scénarios des perspectives économiques sont généralement négatifs. Dans son rapport d’inflation de mai 2016, la Banque d’Angleterre avait déclaré qu’un vote en faveur d’un retrait de l’Union Européenne pourrait déclencher une récession. Le Think tank Open Europe affirme que l’effet permanent le plus probable sur le produit intérieur brut annuel d’ici 2030 serait de -0,8% à + 0,6%. Une autre étude plus étroitement ciblé du Centre for Economic Performance de la London School of Economics place ce chiffre entre -9,5% et -2,2%.

Les défenseurs du maintien dans l’UE, disent que 3,3 millions d’emplois au Royaume-Uni sont liés aux exportations vers l’UE (la moitié de l’ensemble des exportations) et suggèrent que certains seraient perdus en cas de sortie du Royaume-Uni. Un rapport de la Confédération de l’industrie britannique et de PricewaterhouseCoopers a conclu que le Royaume-Uni perdrait entre 350 000 et 600 000 emplois d’ici 2030 s’il quittait l’UE. Un rapport de KPMG cite l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE comme influant dans sa capacité à attirer des investissements dans l’industrie automobile.

Les partisans du retrait soutiennent qu’une réduction de la bureaucratie associée aux règlements de l’UE créerait plus d’emplois et que les petites et moyennes entreprises qui font du commerce à l’échelle nationale en seraient les principaux bénéficiaires. Un examen plus détaillé montre que cette analyse a été effectuée sur la base des analyses d’impact réalisées par la fonction publique britannique avant l’entrée en vigueur de la réglementation européenne. Peu d’études d’impact ont été réalisées après l’introduction de la réglementation européenne, de sorte qu’il est très difficile d’analyser correctement leur impact.

L’immigration

Les citoyens des pays de l’UE, y compris le Royaume-Uni, ont le droit de voyager, de vivre et de travailler dans d’autres pays de l’UE, la libre circulation étant l’un des quatre principes fondateurs de l’UE. Les militants pour le maintien du Royaume-Uni dans l’UE ont déclaré que l’immigration a eu des impacts positifs sur l’économie du Royaume-Uni, citant le fait que les prévisions de croissance du pays sont en partie basées sur des niveaux élevés d’immigration. Le Bureau pour la responsabilité budgétaire affirme également que les impôts des immigrants augmentent le financement public. La campagne pour le retrait (Brexit) croit que la réduction de l’immigration soulagerait la pression dans les services publics tels que les écoles et les hôpitaux, tout en offrant aux travailleurs britanniques plus d’emplois et des salaires plus élevés.

En 2011, David Cameron du Parti conservateur a promis d’amener le solde migratoire au Royaume-Uni sous 100 000 à l’horizon 2015, mais le gouvernement n’a pas atteint cet objectif et le solde migratoire a atteint 336 000 en 2015. Le solde migratoire de l’UE est passé à 183 000 en mars 2015, soit une augmentation de 53 000 par rapport à mars 2014. Cela a été utilisé par des partis eurosceptiques comme UKIP, pour faire campagne en vue de quitter l’UE. Cependant, le major-général britannique Jonathan Shaw a fait valoir que «plus de la moitié des 332 000 immigrants venaient de l’extérieur de l’UE, ce qui n’a rien à voir avec l’adhésion à l’UE.

Souveraineté et influence du Royaume-Uni dans le monde

Une question clé dans le débat était de savoir où les décisions doivent être prises, et à quel niveau l’autorité juridique ultime est acquise. Un slogan des défenseurs du Brexit était : « La Grande-Bretagne doit reprendre le contrôle», tandis que les partisans du maintien soutenaient que l’adhésion à l’UE donnait à la Grande-Bretagne non seulement plus de force économique, mais aussi plus d’influence et un leadership plus fort.

Dans les sondages, un tiers des votants a estimé que le retrait était plus susceptible d’établir un meilleur équilibre entre le droit de la Grande-Bretagne d’agir de manière indépendante et un niveau approprié de coopération avec les autres pays.

Un domaine où la question de la souveraineté se pose est la primauté du droit de l’UE sur les lois du Royaume-Uni. En vertu du droit constitutionnel britannique, la primauté du droit communautaire au Royaume-Uni découle de la loi de 1972 sur les communautés européennes, une loi qui, en théorie, peut être abrogée par le Parlement britannique à volonté.

Brexit, sécurité, maintien de l’ordre et défense

En février 2016, treize des plus anciens commandants militaires britanniques ont exhorté les électeurs à soutenir l’adhésion à l’UE, en votant NON au référendum pour protéger la sécurité nationale britannique. Toujours en février 2016, Rob Wainwright, responsable d’Europol, a déclaré qu’un départ du Royaume-Uni de l’UE pourrait entraver la coopération policière et les enquêtes transfrontalières en Europe, du moins jusqu’à ce qu’un accord alternatif soit conclu. S’adressant aux professionnels de la police, il a déclaré que si le Royaume-Uni décidait de partir, il n’utiliserait plus directement les bases de données paneuropéennes ou la possibilité de rejoindre automatiquement des projets de renseignement.

Le 21 février 2016, Duncan Smith, secrétaire au Travail et aux Pensions, a estimé que le fait de rester dans l’UE rendrait plus difficile la prévention des attentats terroristes, car ce n’est qu’en quittant l’UE que le Royaume-Uni reprendrait le contrôle de ses frontières. Il a poursuivi en suggérant que les terroristes des attentats de Paris de novembre 2015 avaient voyagé en France à partir de la Syrie déchirée par la guerre et que ni la France (un membre de l’UE) ni l’UE n’avaient réussi à empêcher l’attaque.

Le 26 février 2016, le chef du contre-terrorisme Richard Walton a affirmé que la sécurité du Royaume-Uni dépendait de nombreux facteurs, mais que l’appartenance à l’UE n’en faisait pas nécessairement partie. Soulignant qu’Europol n’était pas pertinent pour les opérations quotidiennes dans la sphère antiterroriste, et que le système d’information Schengen ne contrôlait pas nécessairement les mouvements de terroristes à travers les frontières.